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La tuberculose chez les enfants et les adolescents autochtones : des soins respectueux de la culture

le 14 janvier 2020

OTTAWA – Il est tout aussi important de comprendre les facteurs sociaux qui contribuent aux taux élevés de tuberculose dans certaines communautés autochtones que de savoir comment prendre cette maladie en charge. C’est le message d’un commentaire que publie la Société canadienne de pédiatrie aujourd’hui.

Ce commentaire souligne que des conditions de vie médiocres, les iniquités en matière de santé, les traumatismes historiques et l’ostracisme perpétuent les taux élevés de tuberculose dans certaines communautés autochtones et fournit des conseils aux cliniciens sur des soins respectueux de la culture.

« Nous voulons que les professionnels de la santé sachent qu’en limitant l’ostracisme et la discrimination qui entourent la tuberculose, les attitudes envers le traitement et la prévention de la maladie finiront par s’améliorer », explique la docteure Radha Jetty, présidente du comité de la santé des Premières Nations, des Inuit et Métis, qui a rédigé le document en collaboration avec l’Assemblée des Premières Nations, Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis.

La tuberculose est une maladie transmissible qui se propage généralement par l’inhalation de gouttelettes aérogènes. Une fois inhalées, ces bactéries entrent habituellement en dormance si la réponse immunitaire est mature et fonctionnelle. La maladie touche les populations autochtones de manière disproportionnée, les taux étant plus de 280 fois plus élevés dans certaines communautés inuites que dans les populations non autochtones nées au Canada.

« Il est essentiel que tout le monde, des décideurs aux travailleurs sur le terrain, comprenne les conditions qui contribuent aux taux extrêmement élevés de tuberculose dans les communautés inuites, ajoute Natan Obed, président d’Inuit Tapiriit Kanatami. Afin de bien poursuivre notre travail conjoint pour éradiquer cette maladie, il est capital de comprendre que la tuberculose est directement liée à la pauvreté, à l’accès insuffisant aux soins et à des logements surpeuplés. »

Les enfants sont particulièrement vulnérables, car ils risquent davantage de contracter la maladie après avoir été infectés par les bactéries de la tuberculose, ainsi que de souffrir d’affections au potentiel mortel comme la méningite tuberculeuse.

Les dispensateurs de soins qui travaillent auprès des communautés autochtones sont invités à :

  • apprendre à connaître les communautés dans lesquelles ils travaillent.
  • intégrer les pratiques de guérison Autochtones aux plans de soins des familles.
  • comprendre les effets possibles des traumatismes historiques sur leurs relations entre eux et avec les personnes qu’ils soignent.
  • préparer des plans de soins de la tuberculose axés sur les familles, conjointement avec leurs patients.

« Pour les peuples Métis, l’accès aux soins pose particulièrement problème, parce que de nombreux membres de notre peuple n’ont pas les moyens de parcourir de longues distances à partir de leurs communautés éloignées pour consulter des spécialistes et recevoir des traitements contre la tuberculose dans des centres urbains, renchérit la ministre de la Santé de la Nation Métisse, Clara Morin Dal Col.  Je suis tout de même optimiste pour l’avenir puisque le gouvernement fédéral s’est récemment engagé à ce que les peuples autochtones du Canada aient accès à des soins de santé et des services de santé mentale de qualité, adaptés à leur culture. »

Le document invite également les professionnels de la santé à consentir des efforts pour améliorer les déterminants sociaux de la santé dans les populations autochtones du Canada.

« Il est scandaleux que les peuples des Premières Nations présentent des taux de tuberculose considérablement plus élevés que les autres habitants du Canada, s’indigne le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde. Comment se peut-il que, dans un pays industrialisé, les peuples des Premières Nations vivent dans des conditions de troisième zone? Nous devons améliorer la santé et le bien-être de toutes les Premières Nations, et ces mesures doivent inclure les pratiques de santé et de guérison traditionnelles des Premières Nations, dans le respect de leurs droits et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Les peuples des Premières Nations doivent avoir accès aux mêmes soins de santé que tous les autres habitants du pays. Nous ne méritons rien de moins. »

D’après le Relevé des maladies transmissibles au Canada de 2018, l’incidence de tuberculose s’établissait comme suit en 2016 :

  • 0,6 cas sur 100 000 personnes non autochtones nées au Canada;
  • 2,1 cas sur 100 000 personnes d’origine métisse;
  • 23,8 cas sur 100 000 personnes des Premières Nations;
  • 170,1 cas sur 100 000 personnes d’origine inuite.

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Mise à jour : le 14 janvier 2020