Passer au contenu
Un port d’attache pour les pédiatres. Une voix pour les enfants.

Comment aider les jeunes à lutter contre la déprime pendant la COVID-19 et la #distanciationphysique

Affiché le 31 mars 2020 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Éducation publiqueCOVID-19

par Erin Romanchych et la docteure Daphne Korczak

La « distanciation » sociale ou physique, un nouveau terme qui est vite entré dans notre vocabulaire, peut susciter de la confusion, de la peur, de la frustration, de l’inquiétude, de la culpabilité, de la tristesse et un sentiment d’isolement chez les jeunes. Les jeunes sont forcés à changer leurs habitudes : ils ne peuvent pas aller à l’école ni au travail, voir leurs amis dans des soirées ou des activités sociales, ni participer à des activités parascolaires.

Pour les jeunes qui se sentent déjà tristes, déprimés ou seuls, la distanciation (ou l’auto-isolement) peut empirer les symptômes de dépression, qui peuvent s’exprimer par de l’irritabilité ou du désespoir.

Les jeunes peuvent se retrouver dans un cercle vicieux qui renforce leur humeur négative :

Compte tenu des restrictions entourant les activités qui les aidaient peut-être à se sentir mieux auparavant, comme quitter la maison pour se rendre à l’école et participer à des rencontres sociales et des activités parascolaires, les jeunes peuvent se sentir coincés dans ce cycle négatif et avoir besoin de soutien pour en sortir.

Les suggestions suivantes aideront les parents à soutenir leurs jeunes :

  1. Valider leurs sentiments. S’ils nomment et valident leurs sentiments, les jeunes comprendront peut-être qu’il est normal de ressentir des émotions désagréables. Ils accepteront peut-être aussi d’échanger sur les moyens de gérer leurs émotions. « Il est normal de ressentir de la tristesse et de la frustration en ce moment. »
  2. Créer de nouvelles habitudes. Lorsque les jeunes se trouvent coincés dans ce cercle vicieux, ils peuvent avoir l’impression qu’il leur est impossible de reprendre les activités qu’ils avaient l’habitude d’aimer. Pourtant, faire quelque chose est l’une des stratégies qui contribuent le plus à améliorer l’humeur. Encouragez votre jeune à commencer par quelque chose de modeste, comme regarder une émission d’humour ou aller marcher pendant une courte période, puis à passer graduellement à des activités plus ambitieuses, comme jouer à un jeu, fabriquer un dessert, dessiner, faire un casse-tête, lire un livre intéressant ou faire une balade en vélo. L’activité peut favoriser une humeur et des sentiments positifs et, par conséquent, aviver l’espoir. Étant donné les changements aux habitudes causés par la COVID-19, tentez d’établir un horaire qui inclut une activité agréable (ou que votre jeune avait l’habitude d’aimer), des corvées quotidiennes, une quantité suffisante de sommeil, une saine alimentation et de l’exercice modéré, comme la marche ou le vélo.
  3. Remettre les pensées négatives en question. Reconnaître ses pensées négatives et les remplacer par des pensées plus utiles et plus réalistes peut contribuer à améliorer l’humeur et à accroître la motivation à agir. Par exemple, « Les choses ne vont jamais s’arranger pour moi » peut devenir « Ces sentiments sont temporaires et vont s’améliorer. Je pourrais appeler l’un de mes amis ou aller marcher ». Demandez à votre jeune : « À ton avis, est-ce qu’il y aurait une façon plus positive de percevoir la situation? »
  4. Résoudre les problèmes immédiats et contrôlables. La résolution de problèmes donne un sentiment de productivité et améliore l’humeur. Les jeunes ont parfois l’impression qu’un problème est insoluble. Rappelez-leur qu’une solution « assez bonne » suffit, qu’elle n’a pas à être parfaite. Aidez votre enfant à réfléchir à toutes les solutions possibles, à évaluer le pour et le contre, à choisir celle qui semble la meilleure et à la mettre à l’essai. Si le problème est insoluble dans l’immédiat, la distraction peut prendre le relais : faire une activité, aider quelqu’un, penser à quelqu’un d’autre ou utiliser la relaxation et la pleine conscience.
  5. Garder le contact avec la famille et les amis. Le terme « distanciation sociale » reflète l’importance de la socialisation tout en assurant le maintien de la sécurité. On peut utiliser les plateformes virtuelles pour passer du temps avec ses amis, célébrer des anniversaires avec des applications de visioconférences ou envoyer des lettres à la famille. Il faut parfois un peu de créativité et de volonté pour essayer quelque chose de nouveau, mais il est plus important que jamais de trouver de nouveaux moyens d’entretenir les liens sociaux!
  6. Faire preuve de gentillesse. Les heures peuvent se transformer en jours et les jours en semaines, et les jeunes peuvent commencer à se faire des reproches ou à se blâmer de ne pas « en faire assez ». Encouragez votre jeune à être « assez bon », à célébrer ses réalisations même si elles sont modestes (faire son lit, cuire un gâteau) et à se traiter avec gentillesse. Par exemple, « Je me sens très déprimée. Il y a beaucoup de gens qui se sentent comme moi en ce moment et je fais de mon mieux pour affronter la situation. »
  7. Demander de l’aide professionnelle si la déprime a des répercussions importantes sur la santé mentale. Il n’y a pas de mal à demander de l’aide. De nombreux psychologues et thérapeutes proposent des séances de thérapie virtuelles pour soutenir les jeunes pendant cette période stressante. Jeunesse, j’écoute (jeunessejecoute.ca) met de nombreuses ressources à la disposition des jeunes.

Vivez une journée à la fois et cherchez l’espoir dans les plus petites choses. Ces sentiments et les changements actuels à la vie quotidienne sont temporaires. N’oubliez pas : « ça va passer ».

Erin Romanchych est psychologue clinicienne au département de psychiatrie du Sick Kids. La docteure Daphne Korczak est directrice du programme de dépression CLIMB (intégration du corps et de l’esprit chez les enfants) du Sick Kids et présidente du groupe de travail sur la santé mentale de la Société canadienne de pédiatrie.


Droits d'auteur

La Société canadienne de pédiatrie est propriétaire des droits d'auteur sur toute l'information publiée dans le présent blogue. Pour obtenir toute l'information à ce sujet, lisez la Politique sur les droits d'auteur.

Avertissement

L’information contenue dans le présent blogue ne devrait pas remplacer les soins et les conseils d’un médecin. Les points de vue des blogueurs ne représentent pas nécessairement ceux de la Société canadienne de pédiatrie.

Mise à jour : le 20 avril 2020