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Quand votre enfant a le TDAH : s’adapter en temps de pandémie

Affiché le 8 avril 2020 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Éducation publiqueCOVID-19

par le docteur Daniel Gorman, Psychiatre, The Hospital for Sick Children

Il n’est pas facile de composer avec un trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) au cœur d’une pandémie. Le TDAH comporte des défis même quand tout va bien, mais heureusement, des changements élémentaires au mode de vie et des traitements éprouvés peuvent généralement atténuer les problèmes. Les stratégies comportementales et les médicaments sont les principaux traitements du TDAH. Cependant, lorsque les enfants ne sont pas à l’école et passent la majorité de leur journée à la maison, il se peut que les stratégies comportementales ne fonctionnent plus et que les parents se posent des questions sur la médication de leur enfant ou se demandent même s’ils doivent la maintenir.

Les conseils suivants vous aideront à gérer le TDAH quand votre enfant ne peut pas aller au parc pour dépenser son énergie.

  1. Votre grand-mère avait raison : le sommeil, le régime alimentaire et l’exercice sont très importants. C’est vrai pour tout le monde, mais particulièrement pour les jeunes qui ont un TDAH. Lorsqu’ils ne dorment pas assez, ces jeunes peuvent être irritables et adopter des comportements inacceptables le lendemain. La malbouffe, qui contient une foule d’additifs artificiels, peut amplifier leur hyperactivité. Par ailleurs, l’activité physique a des effets positifs tout aussi bons pour leur esprit que pour leur corps. Faites de votre mieux pour que votre enfant se couche à une heure régulière, qu’il ait un régime alimentaire équilibré et qu’il ait des occasions de faire de l’activité physique.
  2. Adoptez des habitudes, mais ne soyez pas trop rigide. Les enfants qui ont un TDAH fonctionnent mieux dans un bel équilibre de structure et de souplesse. S’ils n’ont pas assez de structure, leur comportement peut devenir de plus en plus difficile à contrôler ou ils peuvent passer d’innombrables heures devant un écran (voir plus loin). En revanche, une structure trop rigide peut provoquer des conflits, et les enfants peuvent se sentir mal d’avoir enfreint les règles. Les parents sont les mieux placés pour trouver le meilleur équilibre, celui qui fonctionnera auprès de leur enfant. Faites-vous confiance.
  3. Quelques stratégies comportementales peuvent avoir des effets remarquables. Certaines stratégies comportementales du TDAH consistent à simplifier et à répéter des directives, à fractionner des tâches compliquées en petites étapes et à utiliser un système de récompenses, par exemple, des tableaux d’autocollants pour les plus jeunes et d’« économie de jetons » pour les plus vieux. Le truc consiste à retenir seulement quelques stratégies comportementales adaptées à votre enfant et à les utiliser en tout temps. La meilleure récompense n’est pas un autocollant ou un jouet, mais bien du temps de qualité avec un parent.
  4. Il est plutôt normal de passer plus de temps devant des écrans ces temps-ci, mais tentez d’en faire un acte social. Les enfants qui ont un TDAH ont tendance à passer plus de temps devant les écrans que les autres, ce qui peut être problématique. À l’heure actuelle, il est toutefois important de maintenir des liens sociaux tout en respectant la distanciation sociale, et les communications en ligne sont idéales en ce sens. Les enfants d’âge scolaire et les adolescents peuvent également avoir besoin d’être en ligne quelques heures par jour pour faire du travail scolaire et des activités connexes. En cette période extraordinaire, il est important de se concentrer sur les activités que les enfants font en ligne, plutôt que sur le temps qu’ils y passent. Assurez-vous que la majorité de leur temps d’écran est consacré à l’apprentissage ou au maintien des relations sociales avec leurs amis et leur famille, et n’oubliez pas d’équilibrer le temps d’écran avec les activités hors ligne.
  5. Ce que vous décidez au sujet de la médication contre le TDAH dépend de votre enfant et des médicaments qu’il prend. La décision de modifier la médication du TDAH de votre enfant doit toujours être prise en consultation avec son médecin, avec qui vous pouvez probablement encore communiquer par téléphone ou par visioconférence. En général, il est possible de ne pas donner certains médicaments contre le TDAH à votre enfant, s’ils font partie de la catégorie des « stimulants », si vous pensez qu’il n’en a pas besoin ce jour-là, mais d’autres médicaments contre le TDAH doivent être pris tous les jours. Si votre enfant prend un stimulant, vous devez vous demander s’il apporte un changement visible à la maison tout autant qu’à l’école ou qu’aux activités parascolaires habituelles. Si vous répondez « non » ou « parfois », parlez à votre médecin de la possibilité de ne pas lui donner le stimulant (ou d’abaisser sa dose) les jours où c’est moins nécessaire, surtout s’il provoque des effets secondaires comme un manque d’appétit ou des troubles du sommeil.
  6. Rappelez-vous ce qui est spécial chez votre enfant. Une pandémie peut contribuer à mettre les choses en perspective. Il est normal de se sentir frustré s’il faut une heure à votre enfant pour s’habiller ou s’il frappe impulsivement ses frères et sœurs, mais rappelez-vous tout ce que vous aimez chez lui, sa flamme, sa personnalité, son sens de l’humour.

Être parents d’un enfant qui a un TDAH est une aventure, et l’approche que vous privilégiez, qu’il s’agisse de stratégies comportementales, de médication ou d’un mélange des deux, doit être adaptée au développement et à la situation de votre enfant. La vie pendant la COVID-19 entraîne un changement extrême de la vie quotidienne qui peut exiger plus d’adaptations qu’à l’habitude, mais les mêmes principes de base demeurent applicables.

Le docteur Daniel Gorman est psychiatre au SickKids et directeur de la formation postdoctorale à la Division des services de santé mentale de l’enfant et de l’adolescent de l’université de Toronto.


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Mise à jour : le 20 avril 2020