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Réflexion sur la santé des nouveau-nés et de leur mère dans le monde

Affiché le 9 juin 2014 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Défense d’intérêts

Andrew Lynk MD M. Sc. FRCPC D. Litt. (spécialisé)
Président, Société canadienne de pédiatrie

J’ai récemment assisté à Sauvons chaque femme, chaque enfant, le Sommet sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants qui avait lieu à Toronto. Plusieurs membres de la SCP y étaient invités, y compris la docteure Jenn Brenner, de Calgary, qui était également membre d’un groupe d’experts.

Le gouvernement canadien s’est engagé à verser 3,5 milliards de dollars entre 2015 et 2020 pour relever les défis prioritaires en matière de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants de dix pays à faible revenu. L’appel de propositions sera lancé en septembre 2014, et le Réseau canadien sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants ainsi que Grands Défis Canada, qui sont financés par le gouvernement, y participeront. Les trois secteurs prioritaires porteront sur le renforcement des systèmes de santé, l’amélioration de la nutrition et la réduction du fardeau des principales maladies (voir http://mnch.international.gc.ca/index-fr.html).

La mortalité néonatale et les mortinaissances ont peu retenu l’attention de la communauté internationale jusqu’à maintenant. Je vous recommande chaudement la récente série d’articles Every Newborn Series, publiée par The Lancet, qui fixe des objectifs ambitieux, mais réalisables, à atteindre dans ce domaine entre 2015 et les deux décennies qui suivront. À cet égard, l’Organisation mondiale de la santé a récemment publié Chaque nouveau-né – projet de plan d’action.

Le jour de la naissance est le plus dangereux pour les mères et les nourrissons. Près de la moitié des décès de mères et de nouveau-nés se produisent pendant le travail et la journée de la naissance. Dans le monde, 44 % des décès d’enfants de moins de cinq ans surviennent pendant le mois suivant la naissance.

Le nombre de femmes qui meurent chaque année pendant la grossesse et l’accouchement a considérablement diminué, passant de 525 000 décès en 1990 à 290 000 décès en 2013. Les hémorragies, l’hypertension, le sepsis et les avortements ratés en sont les principales causes. Sur la scène mondiale, les décès d’enfants de moins de cinq ans sont passés de 12 millions en 1990 à 6,6 millions en 2012.

Cependant, les 2,9 millions de décès néonatals annuels tardent davantage à reculer. Les naissances de prématurés et de nourrissons petits par rapport à leur âge gestationnel, les asphyxies et les infections sont les principales causes d’incapacité à long terme chez les nouveau-nés.

Les 2,6 millions de mortinaissances estimatives annuelles ne figuraient pas dans les objectifs initiaux du Millénaire pour le développement (OMD), et le taux de réduction évolue lentement.

De 30 % à 70 % de ces décès pourraient être prévenus au cours des dix prochaines années si on étendait la couverture des interventions fondées sur des données probantes qui sont à la fois peu complexes et à fort impact. Il n’y a qu’à songer aux services de contraception et aux suivis anténatals, intrapartum et postnatals. En raison de certaines de ces interventions, plus d’accouchements devront avoir lieu dans des établissements de santé locaux abordables, accessibles et de qualité. Plus de 50 % des femmes de pays à faible revenu accouchent à la maison, sans l’aide d’une personne compétente.

La plupart de ces 5,5 million de mortinaissances et de décès néonatals ne sont jamais officiellement enregistrés, ce qui reflète à quel point la société et les travailleurs de la santé les tiennent pour acquis. Pour réduire les décès, il est essentiel de les dénombrer. Dans le monde, seulement la moitié des nouveau-nés reçoivent un certificat de naissance. Lorsqu’il leur rend visite, le président de la Tanzanie aime s’informer auprès de ses gouverneurs régionaux de leurs résultats dans le domaine de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. Ces questions retiennent leur attention!

D’énormes défis sont liés à l’élargissement de la couverture nécessaire. Les gouvernements nationaux de nombreux pays à faible revenu dépensent davantage chaque année dans leur budget militaire que dans la santé et l’éducation réunies. Une mauvaise gouvernance et la corruption détournent de précieuses ressources. La portée des grandes sociétés de tabac annule peut-être certains des gains chèrement acquis en santé du nouveau-né. Les besoins de formation de travailleurs de la santé, de gestionnaires de première ligne et de cadres intermédiaires sont immenses.

Il sera essentiel, mais difficile, de corriger les lacunes sur le plan de la qualité et de l’égalité. Les pays industrialisés doivent faire la transition entre des programmes d’aide non durables et des partenariats de renforcement des capacités, de pratiques commerciales équitables et d’aide pour régler les conflits régionaux et les problèmes de sécurité. Rien ne menace davantage la vie et le bien-être des enfants et de leur famille que la violence, qu’elle soit familiale ou nationale.

Il n’y a pas de vaccin contre la pauvreté. La sécurité alimentaire, la meilleure éducation et de meilleurs emplois pour les femmes s’imposent, car nos intentions morales seront remises en question si nous sauvons des nouveau-nés pour qu’ils mènent une vie de privations. Les enfants doivent non seulement survivre, ils doivent prospérer.

On oublie souvent les pères. Pourtant, selon les données probantes, s’ils s’investissent sérieusement, les pères peuvent contribuer largement à améliorer des soins accessibles et de qualité à leur femme et à leurs nouveau-nés.

Enfin, les prochains investissements du Canada en santé des nouveau-nés dans le monde donnent aux sections et aux membres de la SCP l’occasion de s’investir et de susciter le changement. Je suggère de commencer à en parler à Montréal, plus tard ce mois-ci. Continuez de vous informer et continuez à vous investir.

 


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Mise à jour : le 9 juin 2014